C’est une excuse, hein, ces
raisons professionnelles. Quoique. Si vous saviez.
J’ai sauvegardé toutes ces
notes dans des fichiers (plusieurs centaines de pages), c’est indécent cet
étalage de mots. Je suis devenu trop variable d’humeur depuis bien des mois (2
ans). Non pas que l’envie n’y est plus mais je vais tenter de reprendre ailleurs.
Ce ne sera que la troisième fois, en fait quatrième, diront les anciens.
Alors essayons donc. Refaire
des liens, des notes, retravailler des sujets qui me tiennent à cœur avec ces
années supplémentaires. Dire peut-être la même chose avec un angle de vue
différent (légèrement, j’imagine, on ne se refait pas).
Curieux attrait de la
feuille blanche.
Si persistent des accros d’ici,
un simple commentaire ci-dessous. Je ne promets pas de suite, ça dépendra de ce caractère changeant.
Cela n’aura rien à voir avec tous les échanges passés dans le coin.
Je ne vais pas encore parler de Bashung, je n’en parlais pas de son vivant. Certes, la postérité offre certaines choses. Bref, vous savez Ma petite entreprise, ça cause en fait de sa libido, pas du tout d’une vraie société avec des imbéciles dedans, non, c’est en fait une poésie cochon. Faut relire les paroles.
Et ça, j’ai l’air encore plus bête après l’avoir compris.
Donc, en discutant d’entreprise, je pense avoir passé un drôle de pas psychologique vers un changement, une mutation. C’est tellement bête de se sentir bien dans une boite, d’avoir ses marques (ah, confort quand tu nous tiens) et de vouloir en partir. Ce n’est plus une question d’humeur du moment, c’est se retrouver face à la réalité d’une gestion humaine déplorable. Et le salarié voisin dit alors mais c’est pareil dans ma boite.
Ce serait donc pareil partout. Pas de reconnaissance, injustice du traitement, sentiment d’abrutissement des masses pour le plaisir du plus galonné. Improductivité.
Alors le salarié change. En pleine période de crise (les médias le disent pour justifier les plans inutiles), y’a mieux comme objectif. Donc, il essaye de changer.
Ou alors le salarié monte sa boite, objectif personnel, envie. Comme si être son propre patron…
Quelle perte de temps. Il manque, il a manqué du courage. Ou un coup de chance. Une justification en fait. Comment optimiser tout cet investissement.
Quel est le moteur de cette envie de ne plus se satisfaire de sa situation ? J’ai trouvé un moteur, le genre 16V ou GTi (langage vieux) qui joue le catalyseur, qui n’est peut-être pas raisonnable, pas sensé. Je dois chercher le véritable avis rationnel, précautionneux.
Parce que la prise de risques n’a jamais été mon fort. Parce que, crédit, parce qu’enfant, parce que confort.
Pourtant, être action plutôt que réaction.
J’avais
oublié. Tu penses, six ou sept ans. Et en fait, en ses années qui viennent de s’écouler,
nous nous apercevons avoir mis de côté certaines choses avec un naturel
déconcertant et non dérangeant.
L’ambiance
des concerts ne se recouvre plus de fumée de cigarettes ou d’autres, les
bouteilles d’eau sont interdites à l’entrée, il y a toujours des rappels
prévus, les lumières montent et descendent, vont à droite et à gauche.
Et puis,
cette fois ci, c’était plus loin, en fait, en kilomètres (Amiens, tu penses, en
pleine province), mais en temps, ce devait être comparable à une aventure
véhiculée vers le Zénith de la capitale. Saloperie de bouchons de capitale.
Donc, d’un aller et d’un retour en Picardie, point de ralentissement, la nuit
tombe à l’aller, est installée au retour.
Deux
sandwichs, une très bonne première partie, Saule.
Une trop
grande pause, ou alors une trop courte première partie finalement.
Je ne rentre pas
immédiatement dans le tempo, le son même parait être moins fort qu’avant. Curieux.
Ou alors j’ai des problèmes d’audition ammortissante.
C’est vrai,
je suis assis. C’est quoi un concert assis ? Avant, j’étais dans la fosse.
C’est que madame est petite (bon, même avec trente centimètres de plus c’est
pas dit que non plus).
Le chanteur
court, saute, chante (aussi).
Petit à
petit, je pense que les voisins ne m’entendent pas beugler (dans la famille,
nous n’appelons pas cela chanter).
Deux heures
plus tard, j’avais mon saoul de musique et de chanson préférée.
Il y a eu un
temps, je restais face à la scène, jusqu’au dernier sorti. Juste pour regarder,
finir l’impression, se rappeler déjà. Aussi, j’enregistrais par tous les moyens,
un walkman K7 enregistreur planqué dans la chaussette qui fait boiter, un micro
perché sur la casquette. Que des bouts de plastique désormais, rangés encore
quelque part, peut-être grésillants. Obligé presque d’aller deux fois au
concert, une fois pour la technique, une seconde pour profiter.
Maintenant, c’est
juste profiter.
C’était
chouette ce concert, ça donne envie d’y retourner, pour le plaisir. Pour dire merde
à des soucis prise de tête entre deux coups de batterie.
Et puis Bénabar
a quarante ans en juin. Je le laisse explorer tout cela pour qu’il m’explique
la suite. Vivement la suite.
En attendant,
j’écoute les deux albums de Saule. C’est bien.
Les pieds dans la mouise
Une toute petite brise
Sur ma chevelure étoilée
Le regard interdit
D'un moineau qui chie
Sur moi, en été
Je suis un saule qui pleure
En attendant mon heure
Si le roseau pense
Moi mon coeur flanche
Regarde comme c'est joli
Un arbre triste la nuit
Qui quand tout l'monde dort
S'inquiète encore
Qui quand tout l'monde dort
S'inquiète encore
Hier deux enfants sont venus
Jouer à côté d'moi
Je crois qu'ils n'm'ont pas vus
Je suis discret moi
Je suis discret moi
J'suis comme ça
J'avais bien des choses à leur dire
Mais le silence est roi
Le roi des bois, le roi de tout
T'façon j'suis qu'un arbre et j'm'en fous
Je suis un saule qui pleure
En attendant mon heure
Si le roseau pense
Moi mon coeur flanche
Regarde comme c'est joli
Un arbre triste la nuit
Qui quand tout l'monde dort
S'inquiète encore
Et ça fonctionne à chaque fois, comme un ressort con remonte, comme un escalier à double hélice de Vinci con grimpe. Je déteste démarrer au quart de tour sans besoin de manivelle. Juste un réflexe instinctif contre l’erreur, le mensonge et l’injustice. Elle est belle l’histoire, comme un chevalier blanc qui lutte contre son lot de moulins à vent. Alors que finalement, ce n’est qu’un lot de chacun, comme souvent. Je réécoute Volutes. Il aura donc fallu qu’il casse sa pipe en bois pour que je m’y attarde. Ce sont devenus plus que ces refrains connus, cela devient des paroles et pour un peu, des textes que je comprends. C’est un âge qui devient le mien et qui s’attarde sur d’autres aspects. Hasard de l’écoute, non, ce n’est jamais du hasard cette adéquation entre le moment et la musique qui convient. Il y a tellement de chansons qui n’auraient pas convenu à ce moment précis.
Vos luttes partent en fumée Vos luttes font des nuées Des nuées de scrupules
Vos luttes partent en fumée Vers des flûtes enchantées Et de cruelles espérances Me lancent Des dagues et des lances En toute innocence
J'cloue des clous sur des nuages Un marteau au fond du garage J'cloue des clous sur des nuages Sans échafaudage
Vos luttes partent en fumée Sous les yeux embués D'étranges libellules
Pour une grimace et un rictus De plus J'fais des heures sup' Je m'en donne de la peine Je cogite je m'agite Je rejoue la scène
J'cloue des clous sur des nuages Un marteau au fond du garage J'cloue des clous sur des nuages Sans échafaudage
Et mon corps de se vouer A des lunes surdouées Aux courbes souveraines Pleines pleines
Vos luttes partent en fumée Sous des soleils qui s'ignorent Dor- dormez Mes réponses allongées Mes que dire Mes que faire Mais comment ça tient en l'air Ces deux hémisphères Par quel mystère
Alors j’ai l’air plus idiot de ne pas m’être attardé avant.
Quant à mes luttes, celles qui deviennent si banales et si inutiles avec le recul, celles qui s’opposent conne un pot de terre contre l’autre de fer. A la fin, je perds. Dans le fond, je perdrai car je partirai. A moins que je n’aie cette patience qui peut être intolérable à l’homme normal. En fait de normalité, il s’agit de conscience simple. Il ne faut plus être conscient, réagir, même vertement, même instinctivement. Et si je veux défendre mon propos, lorsque je sais avoir raison. Vous iriez, vous, expliquer avec contre arguments, tout en sachant que cela ne peut que desservir. Ça ne se fait plus aujourd’hui. Et j’en arrive à ne plus réagir. Pourtant, qu’il à tort dans sa tour d’ivoire, il ne rend même plus compte, tout embué qu’il est, tout gonflé de certitudes. Alors que tant, autour méritent une confiance sans ambition. L’humain est si terrible qu’il n’y a plus que le cynisme. Ou la guerre.
En passant.
Vu hier soir. La guerre selon Charlie Wilson ou la version édulcorée des raisons historiques du 11 septembre de l’année que vous savez. C’est amusant (est-ce le bon adjectif ?) de connaître à posteriori l’Histoire qui se déroulait entre des bureaux américains et un sol afghan envahi pendant que je courrais les filles dans un élan boutonneux.
(J’ai eu l’adolescence tardive dans les eighties)
Le calme avant la tempête.
Vous savez qu’il se passera quelque chose. A un moment donné, en fait non, à un moment choisi, il y aura aussi dans ma chère boite le passage du mouvement perpétuel qui veut que l’entreprise s’adapte à la situation économique. Il parait que c’est une loi naturelle, sûrement énarque, et officielle (rappelez vous les cours de Sciences Economiques et Sociales, au lycée, seconde, au fond près du radiateur).
Joseph Fritzl. Mais non, vous pourrez dire ce que vous voudrez. Une décapitation précédée d’une série de tortures distrayantes et publiques, c’était quand mieux avant. Et ça n’a rien à avoir avec une quelconque influence télévisuelle de la série Les Tudors.
Vos luttes partent en fumée
Sous des soleils qui s'ignorent
Dor- dormez
Mes réponses allongées
Mes que dire
Mes que faire
Mais comment ça tient en l'air
Ces deux hémisphères
Par quel mystère
(Alain Bashung - Volutes)
Si le gamin veut aller voir des trous d’obus pendant les vacances de Pâques, est-ce parce que c’est un garçon, parce qu’il regarde trop Pokémon, parce qu’il souhaite approfondir son programme de CE2 ou parce qu’il pense qu’il y a autre chose à voir que des cratères remplis d’herbe ?
Je reviens sur Charlie. Finalement Ben n’est peut-être pas en Afghanistan, reclus dans un trou de terre mais dans une contre salle aérée d’un café saoudien.
Hier, je suis allé voir mon chiropracteur préféré. Il m’a dit que j’aurai sans doute quelques courbatures pendant deux ou trois jours. Le fait est que je n’aurai pas besoin de faire mon jogging ce week-end tellement j’ai l’impression d’avoir fait le marathon de New-York.
Au niveau du titre de la note, j’ai été jusqu’à imaginer un truc pseudo anglo-ch’ti tentant l’humour : « Pas’t’ch work ».
Bon raté.
Parce que les enfants ont plus de vacances que nous, les voilà
encore dedans pendant que les imbéciles ont repris la direction des bouchons
franciliens. Alors nous nous en sommes débarrassés.
Sainement, pas violemment.
Enfin, les grands-parents voient peut-être cela différemment.
Mais les grands-parents sont faits pour ça. Enfin normalement.
C’est une sorte de semaine de vacances en couple célibataire. Un
truc bizarre qu’on ne rencontre que très rarement sur une année, qu’on ne compte
que sur les doigts d’une main de lépreux.
La maison est calme, en fait, ce n’est plus du calme, c’est du
silence. C’est perturbant le silence de la maison.
Le rythme est lent. Disons que le temps s’allonge, s’étire, se
surmultiplie. C’est étonnant cette impression de vide.
Alors nous ne sommes pas dérangés toutes les deux minutes, pas
de papa, pas de maman qui résonnent. Pas de pleurs dans un coin parce que l’autre y m’a fait ça. Pas de râlements non plus
parce que non encore ça qu’on mange
et que c’est beurk.
Pas de gloussements durant le repas des fauves qui traduisent
forcément un champ de batailles de grains de riz ou de petits pois au sol. Pas
de rot ni de pet (c’est comme ça chez nous).
Pas d’explication de texte sur la journée qui vient de s’écouler.
Nos propres journées sont bien moins amusantes à conter.
Pas de question sur ci ou ça ou de qu’est-ce que tu fais.
Pas de contrôles policiers pour le brossage de dents, le
coiffage, les lunettes dans l’étui qui doit être lui-même dans le cartable, le
mouchage bien à fond sinon ça ne descend pas.
Pas de salle de bain transformée en piscine olympique, pas de
chasse d’eau non tirée, pas de ahhhh tape
pas ta sœur, ni de arrête de mentir.
Toutes ces choses qui nous font dire ouf enfin quand on les met au lit. Tous ces moments qui nous
soulagent lorsqu’ils s’arrêtent et que le calme vient. Ce silence bienfaiteur.
Ce enfin la soirée à nous.
Toutes ces choses qui font que je suis complètement perdu en
leurs absences, sans repère.
Le départ, c’était il y a 24 heures. L’au-revoir aux paysages
enneigés, l’idée qu’il faudra revenir.
Puis, aujourd’hui. Soleil, quinze degrés étonnants comme si le
changement de saison avait eu lieu en notre absence.
Penser, se dire qu’hier, c’étaient des pieds dans la neige, de
la lecture sur le balcon, des boules de neige, des ballades, ne rien penser
justement.
Amusant rapport au temps lorsque la différence est flagrante. Une
journée d’écart pour deux lieux si différents.
« Hier à la même heure… », la réflexion fonctionne
encore.
Bientôt, « la semaine dernière à la même heure… ».
Puis ce sera trop tard, le quotidien reprendra son lot de
nouveaux souvenirs, fabrique à pensées.
C’était bien, une vraie coupure. Nécessaire ? Oui, sans
aucun doute.
Se regrouper.
Dehors, il parait que c’est la crise. Elle est arrangeante beaucoup
de gens celle-ci. Dans le quatrième tome des Romains de Gallo, il y a des notions
de la philosophie de l’Empereur Marc Aurèle. Une version Carpe Diem. Une
métaphore également concernant la méthode pour traverser la vie droitement.
Il faut donc se comporter, être comme une rivière, suivre son
lit sans se soucier des autres, avec sa justice et son honnêteté propre,
laisser glisser les gênants, ne pas se faire polluer, diluer.
-vas voir ta mère si tu veux apprendre à jouer à
Sudoku,
Raté, elle revient. Finalement, ça ne sert à rien de trouver un
endroit tranquille pour écrire un petit peu. Enfin, elle est là, allongée à côté
de moi à faire tic tic sur mon téléphone. J’adore sa présence.
-ça serait bien que tu ailles te moucher,
-tic tic tic ça sert à quoi les billes en bas ?
Parle à mon… ma tête est malade. Vl’à qu’elle est bien
installée du haut de ses 6 ans.
Bref.
Finalement, je n’ai pas tenu. Le livre. J’aurais aimé le
parcourir chapitre après jour. En deux jours, c’était terminé. Hier je le
finissais avec la déception de la fin, avec l’envie de le reprendre car je
devais sans doute rater quelque chose. Je pensais.
Ni d’Eve ni d’Adam je ne connaissais l’auteur ni le roman daté
de 2004 que je ne trouvais finalement que par le marché de l’occasion.
Vous savez, les lignes qu’il ne faut pas lire à l’arrière du
bouquin. Ça commençait par : « Parce qu’un souvenir est une chanson,
un homme se met à nu et raconte ce qu’il a dans le cœur depuis qu’il est tout petit ».
Ça m’attirait.
Ce retour sur l’existence, un point à mi-chemin. Parce que le
gars de l’histoire, il en est à la quarantaine lorsqu’il revient sur son avant.
Foutez-moi la paix avec la crise de la quarantaine, c’est comme
une superstition, la paix avec soi-même, il faut la faire à un moment donné,
peu importe ce moment.
Enfin, c’est un livre de plus que j’aurais aimé écrire si j’avais
ce talent, cette patience, ce goût de finir un début avant de continuer une
suite. Parce qu’à trop rechercher son autosatisfaction, presque parfaite selon
ses propres critères, je n’avance pas vraiment. Ou alors ce n’est pas le moment
juste.
Aujourd’hui, ils ont testé les spatules. Je me suis presque
surpris à ne pas trop râler, tout en faisant téléski manuel pour enfant
fainéant. Ah ma bonne dame, de mon temps, je remontais tout seul la piste.
Alors, c’est chiant et fatiguant quand même, la fierté de les
voir glisser quelques mètres.
Mais je me suis envoyé des petites années plus tard, à quatre
sur les pistes. Ils iront alors bien plus vite que moi.
Le grand me ressemble, c’est toujours aussi terrible à chaque
fois que je m’en rends compte. Je n’étais quand même pas aussi tête de lard. Un
écho familial me vient aux oreilles, à six cent kilomètres d’ici. Si si, tu étais comme ça, peut-être pire.
Non, non, pas pire, ce n’est pas possible. Oh si, tu ne te souviens pas mais si !
Non, je ne me souviens pas de tout. Que suis-je devenu alors ?
Et lui, quel sera son moment, le partagera t-il avec moi comme
j’aimerai le partager avec mes parents.
Les bruits sont étouffés, d’ailleurs, il n’y a pas de bruit. Un
silence total, la nuit. Juste les convecteurs et encore. Il fait un noir
intense aussi, celui qui n’est pas parasité par l’éclairage citadin. Le lit n’est
pas l’habituel alors nous nous réveillons plus souvent, mais nous dormons plus
aussi.
Le matin, en posant le pied à terre, il n’y a pas d’objectif,
pas d’horaires, pas d’obligation. Si, l’expectative d’une promenade au village.
S’agitent alors tous ceux qui sont chaussés de lourd, chargés de spatules. Nous,
il s’agit simplement de se promener, de balader le chien, de profiter d’un coin
encore plus tranquille pour se batailler dans les amoncellements de neige.
Nous finissons froids, et chauds à l’intérieur.
Le midi, face à la montagne. Le café et son chocolat. 1000
bornes, Uno, dominos, dadas, oie. L’autre promenade. La bataille, les bonhommes
glacés. Au loin le télésiège emmène plus haut, le clocher de l’église regarde,
imperturbable.
Je m’assois sur la table de jardin, au sec ou presque. Les nuages
passent, nous sommes dedans. J’observe et profite, j’arrive à ne plus penser à grand-chose.
C’est rare non, de ne penser à rien. Et aussi d’être là. Comme ça.
Le goûter. La douche. Je connais sans doute la suite. Quelques
parties, des occupations simples. Même si c’était tous les jours, ce seraient
des jours passant vite.
A plusieurs moments, je lis. Je picore le journal avec la
satisfaction que si j’ai justement ce journal entre les mains, c’est que nous
sommes en vacances.
Je lis des livres, espère tomber avec chance sur ce bouquin qui
me rappellera cette semaine. J’en ai quelques uns comme cela, presqu’au regret
de les avoir terminés tellement j’y étais plongé.
J’en ai un, déjà le deuxième depuis samedi, qui me parait très
bien. Il parle de musique comme points de repère, de souvenirs qui construisent
une vie. Alors que j’entrais dans l’histoire il y a moins d’une heure, je
réalisais que je ne voulais pas que cessent ces instants. Le roman va pourtant
se faire dévorer, avec plaisir, avec aussi l’idée qu’il s’achèvera trop tôt.
Comme cette soirée qui va commencer, ce jour qui file, cette
semaine, ces vacances, ce mois.
Dehors, le nuage s’est élevé aux cimes. L’obscurité arrive. L’église
va se teinter en bleu projecteur. Il parait que c’est très beau. Je prendrai
une photo. Pour ne pas oublier.